samedi 14 août 2010

Recyclage

« De quoi ? » demanderez-vous avec pertinence (vous, oui, vous là, le visiteur).
Une des réponses possibles pourrait être « Ahaaaah… », réponse que je m'empresse d'utiliser. Et puisque vous insistez, je ne scannerai pas l'original.

Mais ceci étant dit, au reste, vous saurez,
Que je n'ai demeuré que deux heures à le faire.



La langue de la raison


Si l'on voulait parler de l'organe buccal de la raison, on pourrait. Mais cela semblerait tout à fait étrange au sein d'une composition de philosophie. C'est pourquoi on préférera y voir une métaphore de l'hygiène dentaire de ladite raison. D'autre part, La langue peut également se rapporter à cet ensemble de codes qu'utilisent les humains standard pour communiquer (il va de soi que les humains 2.0 pratiquent exclusivement la télépathie). L'archaïque manifeste de cette définition ne nous empêchera pas d'y jeter un œil, vite fait.
La langue de la raison, donc. À première vue, il apparaît qu'il s'agit ici de prendre en charge les deux termes à la fois. L'ampleur de la tâche ne nous fait pas peur : remontons nos manches, inspirons, et mettons les mains au cœur de la pâte. Au cœur de la pâte, que trouve-t-on en premier lieu ? La raison parle. Et ça, c'est important. Ou alors, mieux : partant du principe que les humains sont de fait ceux qui parlent (les humaines en particulier, je ne vise PERSONNE), on en arrive vite à ce triste constat : il y a anguille sous roche. D'habitude, la langue, elle est neutre, ce sont les humains qui font les cons avec. Mais là, elle est pas neutre, puisqu'elle fait appel à quelque chose d'humain. La langue des signes, ça passait encore : c'est pas contrariant un signe. Mais la langue de la raison, tout de suite on sent que ça reste en travers du gosier (du signe) (une correction ? Où donc ?). Bref, la question légitimement posable dans ces conditions est : « What the fuck ? ». Pour y apporter une réponse saine et constructive, c'est très simple. On va découper ça en trois parties, parce que d'une part c'est mieux, d'autre part ça fait exactement une de moins que le nombre de Cavaliers de l'Apocalypse (indice : ils sont quatre).
Tout d'abord : « la langue de la raison, c'est quoi ? ». Puis : « la langue de la raison, ça existe ? ». Et enfin : « où sont les toilettes ? ».

Intéressons-nous donc à la langue de la raison. Sous rayons X, ça donne quoi ? Premier truc qu'on voit : une scène de rue.
« File ton blé. Notre individu à la réplique évocatrice mesure environ deux mètres et pèse quatre-vingt fois sa taille, à vue de nerf optique. Il semble donc utiliser la langue de la raison.
- File tout court, ça vaut mieux pour toi, réplique l'autre individu. Il ne dépasse pas le mètre quarante, mais vient de sortir de derrière son dos une hache de bataille. Le premier individu - que nous nommerons Huitzilopochtli - ne parle soudainement plus le langage de la raison. »
Coupons les rayons X. Qu'a-t-on appris ? Huitzilopochtli parlait avec raison, et puis finalement non. La langue de la raison, c'est de la merde, alors ? Point. C'est ça l'astuce : la langue de la raison se situe bien au-dessus de tout ça. Il a cru qu'il la parlait comme un dieu - et pour cause-, nous aussi, et pourtant non. Fort, vous ne trouvez pas ? Lui qui croyait être raisonnable s'est magistralement fait démont(r)et le contraire.
Alors si c'est pas ça, la langue de la raison, c'est quoi ? Complexifions un brin. La langue de la raison n'est pas comme les autres, elle a un petit quelque chose en plus (mis à part faire chier son monde) (mea culpa, ce fut un cri du cœur ; pas de coeur en philo, c'est la règle) : c'est un vampire. Oui, parfaitement : elle n'a pas d'ensemble de codes, elle. Alors elle va puiser chez les autres. La langue de la raison est la langue née de la raison, mais se parle en français, en anglais, en suédois, en grec ancien, en ouzbek… Bref, c'est à la fois une sous-langue et une à-part-langue. Terrifiant.

Et là, on va quand même se demander si ce truc existe. Comme à l'accoutumée, la réponse est d'une effarante simplicité : oui, et non. En fait, prenez le yéti : tout le monde n'est pas d'accord sur son existence ou non (ni sur le nombre d'orteils qu'il possède, d'ailleurs, mais c'est un autre débat). Certains y croient, d'autres non. Certains prétendent l'avoir vu, d'autres non (ceux-là mentent). Ben pour la langue de la raison, c'est pas pareil. Voilà.
Le langage de la raison existe à l'état naturel, lui. C'était le cas avec notre ami Huitzilopochtli, par exemple. Sauf que le langage, lui, se contrefiche de savoir s'il change de camp ou pas. Le langage est un mercenaire à la solde de celui qui sait s'en servir. la preuve avec de cher renard qui « tint à peu près ce langage » à « Monsieur du Corbeau ». Tandis que la langue, elle, est pure, saine, protégée des souillures de l'âme corrompue de ces misérables humains dont les turpitudes font des terrains les plus fertiles des marécages aux miasmes putrides.
Et là : bug. La raison, elle, est humaine. Malgré les tentatives répétées de Descartes visant à reconstruire l'univers de ses petites mains potelées, la raison reste humaine donc partiale. Quelque chose de relatif ne peut donner naissance à quelque chose d'absolu. Donc, la langue de la raison n'existe pas. CQFD

Les toilettes se trouvent en ce moment autour du huitième parallèle.

À cette triste enquête il faut toutefois une conclusion. Exceptionnellement, cette conclusion ne sera pas un résumé des épisodes précédents avec petit bonus. D'une part parce qu'il serait trop douloureux de revivre la disparition de la langue de la raison ; d'autre part parce qu'il ne reste qu'une ligne, déjà entamée de surcroît. Par conséquent : schtroumpf.

9 commentaires:

  1. (Je signale au passage quelques fautes de frappes. Une relecture serait bienvenue.)(C'est la voix de la raison qui te parle.)(Ca devient obscur.)
    Sinon, et bien. Hanuna Matata !

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  2. On en rêvait, il l'a fait ! Big up dude, you just rocked my world. Tu l'as rendue au moins, cette copie ?

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  3. On apprécie, au passage, mon premier commentaire en tant que moi : ton génie, sur ce coup là en particulier, m'a poussé à assumer et revendiquer mes félicitations. Big up, donc.

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  4. Cela dit, une fois n'est pas coutume, polluer ton blog sous mon propre nom ne doit pas devenir récurrent, tu en conviendras avec moi. Aussi, je ne vais pas m'étendre ni rééditer l'exploit, à moins que ta plume ne m'y pousse, en quelques sortes.
    Donc.

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  5. Marceeeeeeel !!!

    Si tu savais comme je suis content de te voir enfin, au lieu de tous ces pseudos aux noms plus étranges les uns que les autres. Pour la peine, je sortirai de mon anonymat la prochaine fois que j'irai ton commenter ton sale sous-espace. C'est à dire la prochaine fois que tu te décideras à te mettre un peu à la plume.

    Quant à cette copie, malheureusement je ne l'ai pas rendue. J'ai préféré en garder l'original.

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