vendredi 3 septembre 2010

L'Article sans fin, ou Épopée champêtre

Vous trouvez pas ça marrant, vous, que le type qui ait écrit L’Histoire sans fin se nomme précisément Michael Ende ?

Avertissement préalable autant qu'indispensable : une large partie de cet article n'est qu'un amas de lettres assez remarquablement ignoble. Je vous suggère donc amicalement de vous rendre immédiatement à la deuxième partie, que vous saurez repérer dans les environs des deux tiers de la page.
Afin de vous rendre la tâche plus aisée, un signal visuel accrocheur a été judicieusement placé, il se présentera lui-même à vous lorsque vous serez à proximité : ce signal indique le point de départ de la seconde partie de l'Article (offrons-lui une majuscule) dont l'intérêt, qui jusqu'à ladite partie était fluctuant et nébuleux, s'autorise une virée discrète vers le potentiellement vérifiable.
Un dernier rappel : le jeu n'en vaut pas la chandelle. Si par aventure vous en veniez à cliquer sur le lien qui vous amènerait vers l'Article tout entier, résistez, résistez à cette insidieuse voix qui vous susurre : « lis donc la suite… ». Accrochez-vous à ce signal visuel comme un nageur à une bouée de sauvetage (en pleine tempête, ça va de soi). Ce préambule n'est pas à prendre à la légère, et vous seriez bien inconscient d'ignorer cette mise en garde. Faites-moi confiance…


« Et on ne défèque pas sur les épaves ! » Confucius
« Once again I got trapped, and there is not way out. » Moi

La sagesse séculaire d'un multiséculaire avéré ne vous suffit-elle donc pas pour apprécier les remous caractéristiques d'une vie vivace en plein développement. Vraiment, vous voudriez vainement vous venger de la vie vécue ? Mais elle n'a rien demandé, la vie, elle coule et glisse langoureusement le long des lagons et vallées du monde. Elle se laisse aller à la langueur monocorde d'un paisible cheminement (vous avez dédaigné l'avertissement, vous paierez le prix de votre insolence). Par cinq fois j'ai suivi les strates subtiles d'une insigne existence, par cinq fois j'ai cédé sous la déception qui suivait ces excursions. Sachez qu'en vain nous existons et qu'en vain nous tentons de vivre.

Comme le disait justement Conficus, cousin germain de Confucius, « continuons, voulez-vous ». Et il ne mettait jamais de point d'interrogation, car c'était un homme fier et autoritaire. Parfois même certains l'avaient vu utiliser spontanément des italiques, ce qui ne présageait rien de bon quand à l'avenir de son auditoire, fût-il soudain sage et attentif (non seulement vous avez ignoré l'avertissement, mais vous n'avez pas été pris de culpabilité et n'avez pas tenté de racheter votre écart de conduite en allant à la fin ; ce sera douloureux). On le disait poète à ses heures, mais nul n'y prêtait garde. Voilà l'exemple d'un homme qu'on aura toujours laissé à l'écart, et dont ne découvrira la misère et la solitude qu'après sa mort. Conficus… un grand oublié des pages de l'Histoire telle que nous la connaissons.
On le dit, on le dit. Les uns l'affirment, les autres le taisent et c'est ainsi que va la marche du monde en ces temps troublés de guerre et de Salzburg. Peu d'entre-nous pourtant y avaient cru d'abord, mais la chose a pris forme et s'est imposée. Nul ne pouvait désormais l'ignorer : la solitude, la séduisante solitude prompte à charmer l'esprit du plus fort, habile à dissimuler à tous la beauté de l'être. On y croit d'abord, et pour cause elle semble tout nous offrir : la paix de l'âme, la fin de toute souffrance. On y croit encore, et puis elle devient notre seule et dernière relique (et n'espérez même pas passer par la case départ !). Elle chasse tout le reste, ne laisse qu'un terrain de cendres sur lesquelles on bâtit des villes fantômes. Cette amie de toujours.

Deux choses encore importantes : la première chose concerne la première citation, la seconde concerne étonnamment la seconde citation. Qu'il s'agisse ou non de citer, nous nommerons ces citations par leur nom, « première » et « deuxième ». Noms qui je vous le confesse ne m'ont été inspirée que par la facilité d'accès dont ils semblaient attester la validité. Quant aux remarques sus-cités, elle bénéficieront du même traitement de défaveur et ne seront désignées que par leur pitoyable classement chronologico-syntaxique. La première remarque sera la suivante, si personne bien sûr ne s'y oppose avec assez de ferveur - ce qui semble tout à fait hors de propos - : « elle est impersonnelle et ne reflète pas le vécu de son auteur ». Quant à la seconde, elle fera l'objet du même type de constatation : qu'on le veuille ou non il n'y aura pas de flouée dans cet affaire. Croyez bien qu'il s'agit d'un enjeu dépassant les limites du raisonnable et au cœur duquel il serait particulièrement inconscient de se lancer sans en avoir au préalable examiné les moindres strates et recoins. Nous n'avons pas ici affaire à une simple pantalonnade de bas-de-province, non Mesdames, non Mesdemoiselles, non Messieurs : c'est une affaire d'État. Et même, oserait-on s'avancer non sans une audace certaine : une affaire souveraine en toute et bonne circonstance. Qu'on ne se le répète pas sans un mot je le conçois mais il s'agit tout de même d'en saisir l'essence en un souffle, sans un écart, sans un geste qui briserait la délicate harmonie d'un tel assemblage. Cette remarque, cette fameuse remarque ne mérite pas la bassesse d'une simple introduction qui ne saurait soutenir à elle seule la force heuristique ainsi qu'émotionnelle d'une pareille assertion. On ne saurait contredire la force de l'affirmation, alimentée de surcroît par l'imposant monument de prestance qu'est l'émotion de la remarque.

Cette seconde remarque, donc, comprend deux parties que l'on distinguera logiquement sous les noms de « première » et « seconde » afin d'éviter toute confusion. La première est l'inverse de la première (l'autre première), la seconde est la suivante : « in fact, I really do think there is a way out » (histoire de ne pas paraître par trop insistant sur ce point). En effet : il en existe, et même des tas. Mais la question que l'on peut se poser est la suivante : est-on réellement mieux à l'extérieur ? Réponse à laquelle je n'ai aucune question à proposer malheureusement. Tout ceci est une sombre histoire de bonheur/malheur/macaque ou toutes ces sortes de choses qui finalement constituent une base à peu près constante de nos actes.

Sans oublier notre ami Joe sans lequel tout cela n'aurait été possible que dans un univers gouverné par un chat et une pomme.
Un jour, Joe avait failli se reconvertir dans la création de mondes, mais il a fort heureusement décidé de consacrer son existence à notre petit univers. Il s'est dégoté une cabane aux tréfonds des cieux et surveille constamment l'activité fourmillante de l'humanité. Un grand parmi les grands, ce Joe, on ne le dira jamais assez. (Joe n'est pas Dieu, faut-il préciser. Joe est bien plus et si peu à la fois. Il est Joe.)

Chose drôle : étant donné que je me situe précisément, au moment de l'écriture (« le roman n'est plus l'écriture, mais l'aventure d'une écriture » : Jean Ricardou sent mauvais), juste avant le signal visuel auquel il était vivement conseillé de se rendre immédiatement, j'ai tout le loisir de m'amuser un peu. « La garde meurt, mais ne se rend pas », vous étiez-vous dit, filled with pride (emmerdons le masculin et le féminin un bon coup). Mais vous, pauvre lecteurice (emmerdons-le encore), ne saviez pas à quoi vous alliez avoir affaire. Eh oui mon cher Kurt (et de trois ; ceux qui ne suivent pas au fond, vous pouvez toujours vous aider de ceci, il vous suffira de chercher Kurt), vous ignoriez encore dans quelle terrible et sombre histoire vous aviez eu le malheur de vous engager.
Vous rêviez encore avec nostalgie de cet instant où vous aviez presque choisi de vous rendre immédiatement au signe visuel, de cet instant béni où vous étiez encore une âme pure. Maintenant que les souillures de la lecture vous ont atteints (quadruple, hé hé…), vous regrettez d'avoir outrepassé vos limites. Et désormais, vous ne commettrez plus cette terrible erreur de surestimer vos capacités. Mais il est trop tard.

Car oui, lecteur, lectrice, vous êtes pris au piège de la lecture au même titre que je suis pris au piège de l'écriture. Oh, bien sûr, vous pourriez simplement passer outre ces quelques paragraphes et décider maintenant de vous rendre à l'orée de cette fameuse deuxième partie. Mais pauvre de vous, vous avez parfaitement conscience qu'en procédant ainsi vous ne connaîtriez pas la suite. Et c'est bien ce qui importe, pas vrai ? Connaître la suite…

Alors maintenant que nous sommes tous deux pris en otages au sein de ce texte (car si vous en êtes rendu(e) ici c'est bien que vous êtes prêt à aller jusqu'au bout, peu importent les obstacles), je vous propose un jeu. Oui, jouons ensemble et amusons-nous comme s'il ne devait jamais y avoir de futur. J'en suis certain, nous parviendrons peu à peu à nous connaître et à nous entendre (enfin ça…). Nous deviendrons amis, amants peut-être. Qui sait ce qui peut arriver en de telles circonstances ?
La règle du jeu est simple (pas celle de Renoir, l'autre, la mienne) : l'un de nous deux finira par céder, vous en avez la triste conscience et moi aussi. Que celle fatalité plane au-dessus de nos têtes est un poids sur l'âme et le cœur, il ne nous reste donc qu'à nous lancer ensemble dans cette aventure. Une dernière poignée de main, et c'est le début de la fin.

La lutte est déjà engagée, lecteur. Désormais je vous appellerai lecteur, vous serez un neutre latin. Il ne s'agit plus d'une lutte sexuée, lecteur, il s'agit d'un affrontement de consciences. Le combat qui se déroule à l'instant est une lutte cruelle entre deux êtres invisibles l'un à l'autre. Et puis je vous tutoierai, cela installera entre nous un certain climat de confiance et d'intimité dont je pourrai éventuellement me servir à bon escient. Enfin lecteur, pour corser la chose et pour que la partie soit plus égale, tu seras victime d'une fourberie de ma part (car je suis un être vil). Ne m'en veux pas : j'ai l'initiative et j'en profite. Cette fourberie, la voici :




Le signal visuel, c'est moi.
(Et c'est en-dessous que ça se passe.)





























Si vous débarquez de ce qui précède, sachez que ce qui va suivre casse l’ambiance (si toutefois ambiance il y avait)… 'fin bon… c’est vous qui voyez, après tout.
(Non vous ne rêvez pas : ceci était effectivement une transition ; il faudra vous y faire.)

En fait, retransition vers le truc d'avant (j'ai failli oublier Woodpecker, c'aurait pas été pardonnable) :

« L'éternité, c'est long, surtout vers la fin. »
(Le citer, par principe.)

Puis nouvelle transition vers le truc d'après :

Le truc d'après, il n'y en as pas. Toi, le petit nouveau, sache qu'avant ta venue, ici gisait du texte et des choses. Je, auteur, l'ai corbeillé. Comme ça.

Allègrement vôtre,

John, l'homme-arbre.

3 commentaires: