mercredi 11 mai 2011

Ça s'est passé comme ça

L'autre jour j'ai croisé un oiseau. Un putain de piaf, vous savez, le genre insupportable, avec des plumes. J'y connais rien en ornithologie. Enfin cet espèce de machin sur piattes, m'a parlé d'une voix douce pour me susurrer des paroles blasphématoires.
Je plaisante.
En fait, il m'a parlé, je veux dire, vraiment parlé. Il m'a raconté une histoire magique, je vais vous balancer ce dont ma mémoire se souvient (plus tard, vous prendrez ceci pour une incohérence, eh bien c'en est une) :

L'histoire de l'oiseau

Hier, je volais. Je vole tous les jours, c'est pour ça. Je volais, et là j'ai vu un truc, en bas. Un truc que je connaissais pas. Je suis allé voir, parce que j'aime bien aller voir. Je suis curieux, tu sais, c'est pour ça que j'aime bien aller voir. Alors je suis allé voir, je me suis approché, et j'ai vu ce truc que je connaissais pas, de plus près. C'était un mec tout basané avec un chapeau de paille sur la tête, assis en tailleur et qui fumait une pipe gigantesque. Je me suis posé à côté, puis j'ai piaillé un coup, parce que je voulais qu'il réagisse. C'est pas très amusant, quand les gens réagissent pas, donc j'ai voulu qu'il fasse quelque chose. Et là, il m'a vu. Il m'a regardé, et m'a lancé juste exactement comme ça : « je t'attendais, petit » avec un sourire dans le coin. Moi je comprenais pas trop pourquoi, et pendant que j'essayais de comprendre pourquoi il a rajouté un truc. Attends que je me souvienne. Il a dit quelque chose d'autre pendant que j'essayais de comprendre, et ce qu'il a ajouté, c'était… attends… Voilà : « écoute ». Il m'a dit comme ça « écoute ». Et je peux te dire, j'ai pas oublié un mot.

L'histoire de l'homme

Petit oiseau, ô petit oiseau, être si fragile. Toi qui ne sais de la vie que les plus beaux de ses méandres. Tes ailes si libres rayonnent de leur force sur un monde en décrépitude. Il faut ainsi que le destin t'aie amené à moi, aujourd'hui, alors que mes larmes n'ont plus cessé de couler dans mon âme depuis huit ans déjà. Petit oiseau, écoute-moi, je vais me conter à toi.
Je suis un homme peut-être un peu plus homme, perdu, désemparé. Je parcours incessamment des chemins oubliés, seul à jamais, perdu avec moi-mesme. Délaissé par la sublime Espérance, il ne reste à mon âme assombrie qu'une errance éperdue, traversée des courants superbes d'une éternelle agonie.
Voilà huit ans déjà que, petit oiseau, je suis mort. La bouche qui te parle à présent n'exhale plus que le souffle d'un cadavre, mes mots, ma pensée, se sont depuis longtemps évanouis au gré des vents du sacrifice. Laisse-moi, petit oiseau, te conter ma dernière existence, le dernier jaillissement des puretés cachés d'un cœur par trop empli du monde.
Cela fut un livre, un livre si beau que je ne puis que te conter son histoire. Mon dernier acte en ce monde sera de m'effacer devant les beautés que recèle cet ouvrage ancien.
Écoute, petit oiseau, voici l'ineffable :

L'homme aux mille souffrances

Josselin Sacrifice était un personnage sensible. On s'attendait à chaque instant à ce qu'il s'évanouît en un ruban de fumée délicat.
Josselin était (…)

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