dimanche 9 mai 2010

Fallait pas, John, fallait pas…

Pourtant on t'avait prévenu, petit John (blague : little John, le culte des répliques cultissimes, tout ça…) (peut-être que ça commence un peu vite ; je vais me calmer) (d'ailleurs, je me calme dès maintenant) (plus que une deux trois... quatre parenthèses et c'est fini) (sérieusement) (promis) (déjà la troisième ? le temps passe si vite…) (et voilà, plus qu'une parenthèse pour s'exprimer ; on nous bride, on nous empêche de parler, c'est un scandale ! (ceci étant dit, on peut tricher, saviez-vous ? (hé hé…))). On t'avait dit de pas faire n'importe quoi dans le jardin du voisin. Bon, il est vrai que tu ne pouvais pas savoir comment il allait réagir en te voyant saccager son terrain. S'il n'avait pas pris cette pioche avec un air menaçant, nous n'aurions pas été obligés d'intervenir. Mais enfin, tu savais bien que nous ne pensions pas l'éliminer si tôt. Et puis quelle idée d'aller arracher ses arbres… Vraiment, ton attitude a été détestable.

Tu nous fais honte, John. Oui, honte ! Ta mère et moi t'avons élevé dans le respect des règles les plus fondamentales de notre rang. Et pourtant, aujourd'hui encore, tu joues avec la nourriture. Nous qui l'engraissions consciencieusement depuis deux ans, nous avons été obligés par ta faute de le tuer avant Noël. J'espère que tu te rends bien compte de la gravité de ton acte. Si nous ne trouvons pas de remplaçant d'ici deux mois, nous allons être forcés d'annuler le repas de famille, tout ceci à cause de ton comportement déplorable.

Si encore cela avait été un incident isolé… Mais non ! Il y a un an, Monsieur mangeait le chat de sa tante, sans même nous prévenir ni lui demander la permission. Sans parler de cette fois où tu es sorti sans faire attention un soir de pleine lune : pas moins de sept personnes t'ont vu, ta mère et moi avons passé la nuit à les faire taire, avec l'aide heureuse de ta sœur. Le cousin Grisoff, lui d'ordinaire toujours calme, nous a parlé de toi comme d'un « exécrable petit insolent ». Je l'avais rarement vu dans cet état de colère. Mais il n'est pas le seul à l'avoir remarqué : ces derniers temps, tu es devenu insupportable.

Tu devrais prendre exemple sur ta sœur, justement, elle qui a appris convenablement à se discipliner. Elle qui a la décence de ne pas se faire remarquer. La semaine dernière, elle a parcouru plus de trente kilomètres, simplement pour supprimer un élément gênant ; elle n'a laissé aucune trace. C'est ce que j'appelle l'amour du travail bien fait ! Quant à toi… La pleine lune n'excuse pas tout, John. Tu le sais très bien. Ne mets pas sur son compte la totalité de tes inconséquences.

Nous n'allons pas passer notre vie à réparer tes bêtises, John. Nous en avons assez de ton insolence. Tu es grand désormais, il va falloir que tu apprennes à te servir de tes instincts, au lieu de te laisser guider par eux. Si tu refuses obstinément de faire cet effort, nous nous verrons obligés de sévir. La coupe est pleine maintenant !

Ceci est un dernier avertissement : si tu ne t'es pas calmé d'ici une semaine, nous t'enverrons faire un séjour chez le Comte de Sampyr. Et crois-moi, il ne sera pas aussi clément que nous à ton égard. Choisis, John, le temps de l'insouciance n'est plus. Si tu ne grandis pas, nous te ferons grandir. De gré ou de force.

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