dimanche 11 avril 2010

Article provisoire

« Fais attention ! Parce que des fois, le temporaire, ça dure longtemps… »
Le dernier à ne pas révéler la non-origine cette citation gagnera une cacahuète flambée à l'armagnac.

En guise d'avertissement préalable, je tiens à vous préciser que les gens qui parlent avec des parenthèses m'ont toujours fait flipper, moi aussi. Un peu comme ceux qui vous collent des italiques en pleine discussion. Des gens à éviter quand on a un minimum de bon sens : faut pas être très net pour parler en italiques ou en mettant des parenthèses.





PERSONNAGES

L'AUTEUR
HILLMAN, président du conseil
BOUQUET, membre du Staff
AGASIS, ami de l'auteur


Acte I, Scène 1

L'AUTEUR

L'AUTEUR
En tout cas, ce qui est vraiment sympa dans un article provisoire, c'est qu'on peut se permettre de dire n'importe quoi. Ce qui n'était pas possible dans les autres billets (blague), qui eux étaient d'un sérieux beaucoup plus affirmé (reblague, presque).
Et pourquoi ça ? Simple : personne ne va le lire. Ce texte restera le petit secret jalousement gardé par son créateur avare. Et quand personne ne lit, on peut tout dire. Oui, parfaitement : tout ; et même le reste, d'ailleurs. C'est pourquoi, ici et maintenant, je vais exposer avec franchise mes travers les plus inavouables (par exemple ma passion féroce pour Richard Clayderman, mais ce n'est qu'un exemple), descendre en flammes sans réserve ceux qui mériteraient une place six pieds sous terre plutôt que six pieds sous les feux de la rampe (au hasard : Richard Clayderman, mais ce n'est qu'un exemple) (ce jeu de mots en six était tellement à la limite du presque bien qu'il mériterait le titre de jeu de mots, mais à peine juste un peu (ça valait le coup d'être signalé, car il m'arrive aussi de faire des jeux de mots laids (celui-ci, par exemple (mais ce n'est qu'un exemple)))) (et après le coup des parenthèses imbriquées, que vous aviez déjà eu l'occasion d'expérimenter précédement, je vous propose le coup des parenthèses à la suite) (si, cette fois-ci, vous parvenez à reprendre la phrase en route, vous êtes un androïde (même si vous ne le savez peut-être pas encore (essayez de faire du mal à un humain, vous aurez tout de suite la réponse (lecteur d'Asimov, tu sais de quoi il est question (sinon, ben, astérisque : *)))) (en parlant de ça, l'auteur avait sérieusement pensé, il fut un temps, à finir ce billet à coups de parenthèses répétées, mais ça lui paraissait tout de même pousser le concept au-delà de son paroxysme) (et puis, on aurait pu reprocher à l'auteur de se servir de la magnifique alternative que propose la parenthèse en tant que prétexte pour ne pas finir son article en bonne et due forme) (ce à quoi l'auteur aurait pu répondre que « un article reste un article, parensité ou pas », mais en fait non, parce que l'allitération en « r » dans cette formule était malvenue) (oui, vous avez bien deviné, c'est un néologisme assez laid, contraction de « parasité » et « parenthèse ») (mais je m'égare, revenons à la phrase de base), ou encore me vautrer avec délectation dans les miasmes de l'anti-conformisme primaire, désigné par l'opinion publique comme la nécrose détestable et délétère de notre si belle société. Quoique l'anticonformisme soit à la mode en ce moment… un paradoxe qui m'échappe encore.
Mais trève de bavardages, il est temps de tout révéler.

Entre Bouquet.


Acte I, Scène 2

L'AUTEUR,  BOUQUET

BOUQUET
Hola, auteur !
Je viens vous annoncer une triste nouvelle.
Vous nous parliez hier de votre intimité,
Hélas, si je ne viens pas vous chercher querelle,
J'ai pourtant pour mission de donner vérité !
Cruelle décision qu'il ne faut vous cacher :
Le choix est sans appel, mes patrons ont tranché,
Vous devez sans tarder publier cet article ;
C'est un verdict amer que tout un hémicycle
A laissé brusquement tomber sur votre nom.

L'AUTEUR
Déjà, tu peux lâcher les alexandrins. Assieds-toi, relaxe-toi. Un verre, peut-être ? Vodka-Martini, tu dis ? « Au shaker, pas à la cuillère ! » ? Bon, comme tu veux. En attendant, ça signifie que tout ce que j'ai déjà dit va être publié, n'est-ce pas ? Ça veut dire que ces salauds ne perdront pas une miette du texte ?

BOUQUET
En effet c'est l'objet de ma triste venue.

L'AUTEUR
Ah les cons ! Je savais qu'ils étaient retors, mais pas à ce point. Ben dis-donc, heureusement que je suis pas allé trop loin. J'allais en sortir de belles, tiens ! On peut dire que t'arrives pile au bon moment, toi. Chez certains, c'est un don. Tu devrais bosser dans la cavalerie, par exemple (mais ce n'est qu'un exemple).

BOUQUET
Autrefois j'y songeais ; le destin s'en mêla…

L'AUTEUR
En tout cas, on dirait que tu y tiens, à tes alexandrins. Impressionnant.
Tu sais, je songe sérieusement à rompre le contrat avec le staff. Tu leurs diras sans faute, quand tu les reverras : encore un coup comme ça et je me barre, moi ! Marre de leurs conditions arbitraires, de leurs décisions impossibles. Je me débrouillerai bien seul. Dis-leur.

Ils sortent.


*Ellipse gargantuesque.*


Acte V, Scène 7

L'AUTEUR

L'AUTEUR
Puissants ordres divins, apportez à ce pauvre être le salut qu'il mérite ! Accordez-lui votre grâce céleste, offrez-lui votre magnifique don. Ô puissances ! Ô dieux majestueux ! Écoutez la plainte d'un pauvre mortel ! Écoutez un instant le chant du dernier des abysses !

Puis, en aparté.

Non, en effet, il n'y a apparemment aucun lien avec le début de la pièce. Mais c'est simplement parce qu'il vous manque le milieu. En réalité c'est hyper cohérent, extrêmement bien construit, subtil et tout ce qui va avec. Si si.


Fin (Et si vous aviez lu la pièce entière, vous l'auriez comprise.)



Pouilleux Souverain : Un petit coucou au commentateur schizophrène.



* Dessine-moi un androïde.

2 commentaires:

  1. cet article me plaît.
    et qu'est-ce qu'on gagne si on est le premier à révéler l'origine de la citation?

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  2. Merci.
    Une cacahuète grillée. Sérieusement.

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