jeudi 3 juin 2010

Retour et pari

... ou « Antépode et convergences ».


L'auteur n'est toujours pas mort, malgré les nombreuses tentatives d'assassinat dont il a été l'objet (rendez-vous compte, j'ai même eu affaire au Collectif des Loutres en Colères, groupe virulent au possible et sans aucun savoir-vivre). Ce qui nous amène infortunément à la naissance d'un nouvel enfant-monstre, autrement dit une articlation volontaire, par la malepeste !

Bref, reprise bloguesque sur le thème de l'autobiographie fictivationnelle détournée en une falsification de personnalité autant qu'en une histoire palpitationnellement intéressante, contestable sur ce dernier point, mais du moins inutile parce qu'existante. Concept éculé et usé jusqu'à la moelle custodale, mais il faudra s'en mécontenter, pas trop. Retour également de la rallonge phrasesque tendant à perdre son intrépide et pauvre fou de lecteur qui n'a pas encore réalisé qu'en tant que pauvre fou la meilleure chose à faire était fort évidemment de fuir.
Que Marx me pardonne, je reviens d'un endroit pas très près d'ici et quelques morceaux y sont restés encore quelques temps (d'autres se baladent dans un autre univers, d'ailleurs, mais comme il est d'usage de dire chez les humains : passons (Dieu que c'est peu original)).
Écoutons maintenant la fameuse Rhapsodie polonaise sur fond d'horreur macabre.


Je suis en ce moment-même dans une espèce de chambre, meublée avec goût et archaïsme (les deux ne sont pas incompatibles, voire sont très compatibles). Quelques chandelles sont placées ça et là, seul éclairage disponible. Les pierres des murs sont apparentes, et le sol nu à l'exception d'un vaste tapis qui occupe la moitié de la pièce. Une fenêtre ouverte laisse entrer les rayons du soleil. Un lit et un bureau se trouvent là également, ainsi qu'une grande armoire en chêne. Sur le bureau, une antique plume d'oie, un encrier, du papier rugueux. Il y a deux portes : l'une mène à une salle de bains du même goût quoique possédant des toilettes et une douche. L'autre est une porte de bois massive qui comporte en son centre une trappe, par laquelle on me donne de quoi me nourrir. Je suis enfermé.

Je me suis penché à la fenêtre, plusieurs fois : des arbres, une forêt gigantesque, rien de plus. Je compte au-dessous une dizaine d'autres fenêtres. Impossible donc de descendre, d'autant plus que l'escalade est à oublier compte tenu des bourrasques qui semblent balayer les environs en permanence.

Autre chose : je n'ai plus de souvenirs, je ne connais ni mon nom ni mon passé. J'ai eu un peu de mal les premiers jours, il faut bien l'avouer. Je ne suis pas pas passé très loin de la folie. Mais ce n'est pas vraiment une période dont je souhaite parler, si vous me le permettez.
Ce qui m'a sauvé a été une page, arrachée d'un quelconque cahier, ou livre. J'ai pris la plume sur le bureau et couché quelques mots sur le papier pour comparer les écritures : c'était la mienne. Je dois profiter de chaque indice qu'on me laissera. J'ai alors commencé à lire :

« Je pose le pied au dehors. Déjà je sens que je ne suis pas le bienvenu : à peine suis-je sorti de l'immeuble que le soleil m'assène sur le visage une claque métaphorique d'une indescriptible cruauté. Je vacille un moment, puis me reprends et continue. Je ferme la porte, son claquement est celui d'une porte de prison. J'ai compris, je suis enfermé dehors.
Malgré tout j'entame une marche forcée sous les assauts de plus en plus hargneux du soleil. Deuxième agression, brutale, inattendue : la foule. Subitement je débouche sur une artère, et elle m'assaille omniprésente. Elle est là, elle m'écrase, m'étouffe. Mais je résiste, j'avance, encore et toujours.
Pour me rassurer, je réfléchis à la portée heuristique du concept de cassoulet bolchevique dans le cadre d'une interprétation cognitive de l'anthropologie axiomatique des ultimatums au VIIIe siècle. Cela fonctionne, le temps disparaît : sans m'en rendre compte, je suis arrivé. »

Vous imaginez la réflexion qui s'ensuivit, ponctuée de plus de questions que de réponses. Il s'agissait de toute évidence d'une ville, moderne, si j'en prends à témoin l'immeuble. De plus, cela semblait se dérouler en été, or la température actuelle ainsi que l'aspect de la forêt me font plutôt penser à une fin d'automne, ou je ne m'y connais pas (ce qui est évidemment une possibilité, mais les feuilles jaunâtres tapissant le sol et les branches à demi dépouillées ne trompent pas, pas comme les éléphants (là, théoriquement, vous devriez faire deux choses : d'une part rire parce que c'est très drôle, d'autre part vous demander ce que diable vient foutre ce passage à tendance un peu trop légère dans une narration supposée se dérouler au coeur d'une prison dorée)).
Il y a ce sentiment que j'avais d'être en danger, diffus mais présent néanmoins. Je dois le prendre en compte, mais je n'en sais pas assez, et ma mémoire refuse catégoriquement de répondre à mes appels insistants.
Et puis cet endroit où je devais aller, quel est-il ? Je n'ai aucun moyen de savoir si j'allais chez quelqu'un, ou dans un commerce, ou voir un spectacle quelconque. Non, le spectacle est moins probable, pas en plein jour. Je le garde toutefois en tant que possibilité, mais n'y consacrerai pas tous mes efforts.
Quant au cassoulet, il me fait fortement suspecter les héritiers du KGB d'être à la source de cette affaire.

Reste l'hypothèse que tout ceci ne soit qu'une mise en scène, que l'on ait imité mon écriture, ou même que l'on m'ait fait écrire ceci par la force ; je n'ai aucun moyen de le savoir pour le moment. Mais il me faut prendre pour vrai ce qui est écrit ici, sans quoi je serai dans un flou total.
Ils ne me laisseront pas dans cette situation bien longtemps. Si une page m'est parvenue, les autres suivront à n'en pas douter. Il faut simplement que je sois patient.


Et le pari ?
C't'un mystère, mais il est.
Toujours est-il que : « Je ne joue pas du piano, je joue au piano. » (Unconfucius)

4 commentaires:

  1. Appelez moi "Schizzy"4 juin 2010 à 12:59

    Ahhhhhhhhhhhhhhhh !
    Enfin je retrouve mon blogueur préféré !
    Tes vacances sont finies ? Qu'est-ce qui t'a motivé à reviendre écrire ? Ma plainte ? Ou le besoin, vital, de créer ?

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  2. Je me suis planté d'onglet en voulant ouvrir Gmail et suis tombé sur mon blog. Beaucoup plus classe.

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  3. Et bien, c'est du joli ! Quel cas fais-tu de ceux qui t'apprécient ? Non mais franchement ...

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  4. Madame, Monsieur,

    Votre anonymat forcené ainsi que vos béats compliments confinant à un silence affligé : (…)

    Anonyme.

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